Droit de réponse à l’article paru dans le Monde le 15/09/2022
Le Monde a refusé de publier notre droit de réponse.
Cet article nous attaque de façon malhonnête en nous accusant d’être “anti-trans”, et détourne totalement notre pensée. Nous ne sommes pas anti-trans, nous sommes pro-femmes. De la même façon que critiquer l’islam n’est pas islamophobe, critiquer l’idéologie transgenriste n’est pas transphobe. Être transphobe, c’est vouloir discriminer ou appeler à la haine des personnes trans, ce qui n’est absolument pas notre cas. Cet article repose sur des interprétations erronées de notre discours, nous qualifiant « d’essentialistes », allant même jusqu’à nous associer à l’extrême-droite, ce que nous contestons, plutôt que de répondre à nos arguments.Nous sommes critiques du genre, ce qui veut dire que nous pensons qu’il faut déconstruire la notion de genre, au lieu de déconstruire des corps à coup de chirurgies et d’hormones. Nous pensons qu’un homme qui aime le rose et le maquillage n’est ni une femme ni né dans le mauvais corps.
Camille Froidevaux-Metterie affirme qu’ « il est absurde d’affirmer que les revendications des personnes trans freinerait la cause des femmes ». Nous répondons que des femmes sont pénalisées par l’idéologie transgenre : que ce soit dans des compétitions sportives, dans les enceintes où les femmes doivent pouvoir se sentir à l’abris et même dans l’action militante comme les collages contre les féminicides détournés pour appeler au meurtre des femmes qualifiées de « TERF », ou l’appel au boycott du décompte des féminicides tenu depuis 2016 par le collectif “Féminicides par compagnons ou ex” au prétexte qu’il n’inclurait pas les mâles transféminins.
Dire que les femmes sont des femelles adultes humaines est incompatible avec l’essentialisme : c’est ce qu’on appelle philosophiquement du matérialisme. Dire qu’être une femme relève d’un ressenti défini par « rapport placé sous le double signe de l’objectivation et de l’aliénation » est une insulte à les femmes mariées de force, excisées, vendues, prostituées, violées, harcelées et humiliées en raison de leur sexe. Camille Froidevaux-Metterie écrivait pourtant dans son ouvrage « Le corps des femmes, la bataille de l’intime » : « Les féministes ont longtemps eu du mal à penser le corps des femmes autrement que comme un vecteur d’aliénation qui les enferme ».
Elle nous accuse d’effacer trois décennies de pensée féministe. Les amazones, les sorcières, les femmes du MLF, les suffragettes, les combattantes kurdes du YPG ont toutes un point commun : leur sexe. Notre discours ne se réduit pas à la biologie : nous constatons que le féminisme s’est toujours battu pour les femelles. Réfuter cela c’est vouloir changer la définition du féminisme.
Elle nous accuse de réduire les femmes à « leur corps sexuel et procréateur selon une logique typiquement patriarcale ». Nous n’avons jamais considéré que les femmes devaient être réduites à leurs corps. En revanche, nous considérons que ce corps est la seule chose qui permette de définir ce qu’est une femme. Admettre cette réalité biologique n’oblige ni à se reproduire ni à avoir des rapports sexuels et n’a rien de patriarcal.